Le projet lancé à Rabat par l'Agence de développement social vise la création de plateformes d'appui aux initiatives individuelles.
Malgré l'appui important apporté par l'INDH aux projets de créations de petites entreprises, ces initiatives ont toujours eu du mal à décoller en l'absence d'encadrement et de suivi pour garantir la pérennité de ces structures.
L'Agence de développement sociale, l'une des partenaires ayant développé de nombreux programmes d'appui à la création de micro-entreprises, a choisi d'accompagner les porteurs individuels de ce genre de projets en leur proposant des services de conseil, d'accompagnement et de financement adaptés. Dans ce sens, l'agence a mis en place un programme visant la création de plateformes d'appui aux initiatives individuelles. Inspiré du modèle français « France initiative » et adapté au contexte marocain, ce projet vise à regrouper les partenaires publics et privés dans le cadre d'une association dans le but d'apporter aux créateurs de très petites entreprises « un package complet » comprenant, en plus d'une avance remboursable à taux zéro et sans caution personnelle, du conseil, de l'accompagnement et le parrainage d'un dirigeant d'entreprise. Ce concept novateur, au Maroc, repose surtout sur le partenariat public-privé et sur l'implication d'entrepreneurs expérimentés qui consacrent un peu de leur temps, et surtout de leur compétence et de leur expérience à l'appui aux créateurs d'entreprise.
Intitulé «Maroc Moubadarate», ce programme a déjà été expérimenté à Agadir et Laâayoune. La réussite de cette expérience a poussé les responsables de ce projet à mettre en place une nouvelle plateforme à Rabat qui sera suivie cette année par d'autres programmes prévus à Casablanca, Kénitra et Oujda. Le lancement officiel de cette plate-forme s'est déroulé vendredi 28 mai à Rabat. L'agence de développement social a organisé à cette occasion une rencontre pour partager l'expérience française du groupe « France initiative» et mobiliser les futurs partenaires souhaitant rejoindre « Ribat Moubadara ». Dans ce sens, l'agence a invité Bernard Brunhes, président de France Initiative Réseau, à présenter le dispositif qu'il préside et qui associe des institutions publiques, des collectivités territoriales et des entreprises privées. Dans son intervention, M. Brunhes a indiqué que l'objectif de France Initiative est de permettre aux créateurs voulant démarrer une activité de disposer de fonds propres nécessaires à ce démarrage sous forme de prêts gratuits et sans exigence de garantie. Le même responsable a fait remarquer que sa structure a accordé en 2009, 133 millions d'euros de prêts permettant la création ou la reprise de 15 000 entreprises, générant 33 450 emplois directs. Ainsi, l'action de France Initiative a permis l'injection de plus de 900 millions d'euros de crédits dans les nouvelles entreprises au terme de l'année précédente.
D'après le directeur de l'Agence de développement social, Guedira, l'objectif de l'agence est d'atteindre des résultats aussi satisfaisants que ceux enregistrés par le groupe français en accordant une grande importance à l'intervention du secteur privé dans ce processus. Les instances de gouvernance de l'association (la plateforme) accorderont la prééminence au secteur privé dont seront issus le président, le bureau et le comité d'agrément. Quant à la plate-forme, elle sera autonome et indépendante et sera dotée de son local et de ses propres salariés.
« L'objectif majeur de cette initiative est de créer une sorte de synergie entre le secteur public et privé afin d'obtenir un meilleur résultat», note M. Guedira. Enfin l'appui financier qui sera accordé par cette association aux porteurs de projets sera donc une avance remboursable sans frais allant de 10 000 à 80 000 DH.
Les entraves à la création des micro-entreprises
Les pouvoirs publics marocains ont développé de nombreuses mesures en faveur de l'emploi et de la création d'entreprises. Les plus récentes concernent les programmes Moukawalati, Idmaj, Taahil. Le secteur du microcrédit s'est vu lui aussi renforcé par l'appui public, convention FNAM / INDH. Mais force est de constater que la création d'entreprises reste largement en deçà des besoins et des potentiels du pays. Cette situation est due au manque de financement. Il y a justement une population très importante qui, de par son état de pauvreté, de vulnérabilité, se trouve exclue de ces aides qui restent trop souvent conditionnées par l'accès aux prêts bancaires. Le microcrédit dont les intérêts restent trop élevés ne correspond pas aux attentes des promoteurs de petites entreprises qui, en plus du fonds de roulement, ont besoin de financements d'investissements. Le nombre réduit des micro-entreprises s'explique aussi par le manque d'encadrement. En effet, l'expérience a démontré que la plupart des nouveaux entrepreneurs ont besoin de formation, de conseil et d'accompagnement de proximité qui soit personnalisé et dispensé par des professionnels salariés et bénévoles en amont et en aval de leur création. Cet accompagnement qui conditionne le soutien financier et qui doit être accessible à tous les promoteurs, est encore rare ou encore non adapté aux besoins de ces porteurs de projets.
lematin.ma Publié le : 30.05.2010 | 11h37