Face à la crise, les banques et les institutions de microfinance (IMF) réagissent différemment. Ce comportement, par rapport aux dernières crises survenues dans le pays a été exposé par Bertrand Savoye de l’Agence française de développement lors du colloque intitulé : « les instituts de microfinance malgaches face à la crise : Enjeux et perspectives » qui s’est tenu à Anosy le mois dernier.
Globalement, en période de crise, les banques ont tendance à fermer les robinets. Il est vrai qu’en 2002, les banques ont plutôt bien réagi à la crise. Cela s’est traduit par un rôle de stabilisation avec des prises d’initiative opportunes. Cependant, le resserrement du crédit a été relativement fort (-16% en termes réels). Finalement, cela a probablement accentué l’ampleur de la crise.
Depuis le début de la crise en 2009, a priori, les banques ont paru peu affectées par la crise. Le resserrement du crédit a été beaucoup moins marqué par rapport à 2002 : la baisse du volume total des crédits distribués par les banques s’est située à –1% en réel et on a pu constater la poursuite de la croissance des crédits à moyen et long termes (MLT) à + 7% en réel. Certes, sur la même période, une politique monétaire opportune basée sur une baisse des taux directeurs (de 12% en 2008 à 9,5% en mi-2009) a permis d’atténuer la montée du coût du crédit (de 13,8% à 15% en 2009).
Mais quoi qu’il en soit, des signes d’inflexion apparaissent depuis le début de l’année en cours du fait de la durée de la crise. Ainsi, la stagnation des crédits se poursuit (seulement +0,3% en termes réels depuis le début de l’année). La progression des crédits d’investissements aux entreprises s’est interrompue (-3% en nominal sur le premier trimestre).
Dégradation du portefeuille
Toutefois, on ne peut pas ignorer la dégradation de la qualité du portefeuille pendant la période de crise (9% de créances douteuses fin 2009 et 11% fin mars 2010). La dégradation est toutefois localisée dans certains secteurs à grands risques. La raison en est que les entreprises qui exercent dans ces secteurs ont des difficultés à rembourser leurs encours de crédit.
Le même phénomène a été enregistré après les crises de 1991 et de 2002. Par la suite, l’activité de crédit a connu un grand essor conséquemment au niveau de l’offre, par un retour de la confiance grâce à l’amélioration des portefeuilles bancaires ainsi qu’à l’émergence de nouveaux acteurs : la part de la microfinance (les deux banques de microcrédit « AccèsBanque » et « Microcred » comprises) dans l’ensemble des crédits progresse de 1 à 7%.
Par contre, au cours de la période de crise (2009-2010), on assiste parallèlement à une progression du crédit au niveau des institutions de microfinance du fait d’une politique extrêmement active de crédits. Cet essor peut s’expliquer, au niveau de l’offre, par la volonté des institutions encore jeunes, nées pour certaines, juste avant la crise, de se rapprocher d’une taille optimale pour dégager des économies d’échelle.
Au niveau de la demande, c’est la base de clientèle qui présente un essor non négligeable du fait de transferts d’activités vers les très petites entreprises ou l’informel. Il convient de noter que selon les hypothèses de la banque mondiale, le secteur informel aurait progressé de 13% en termes réels en 2009.
Ranaivo Lala Honoré