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Messages : 238 Date d'inscription : 04/12/2010 Localisation : Agadir
| Sujet: Et si les internautes devenaient des banquiers solidaires ? Lun 31 Jan - 12:58 | |
| L'idée: Le concept prendra son essor avec la naissance de la Grameen Bank, la « banque des pauvres », qui vise à faciliter l'autonomie des exclus du système bancaire. Avant de se généraliser dans la plupart des pays en voie de développement.
Depuis trente ans, 10 000 institutions de microfinance – chaque IMF peut avoir un statut juridique différent : ONG, association, coopérative d'épargne et de crédit, banque non commerciale, société anonyme… – accompagnent les petits entrepreneurs à travers le monde. On estime qu'elles aident plus de 150 millions de personnes – dont 79% de femmes – dans 85 pays.
Le principe a été introduit dans un second temps dans les pays développés, en France en particulier, grâce à des organismes comme l'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie), Créa-Sol ou France Active qui se sont spécialisés dans le microcrédit personnel accompagné auprès de chômeurs ou bénéficiaires de minima sociaux. En vingt-deux ans d'activité, l'Adie a octroyé plus de 81 000 microcrédits qui ont permis de financer près de 65 530 entreprises.
Si l'utilité économique et sociale du microcrédit est incontestable, le système a cependant connu récemment un certain nombre de dérives : -taux usuraires, -pratiques de recouvrement abusives, -surendettement alarmant, -inflation des crédits à la consommation (huit prêts sur dix, en Inde), -pratique dite de « cavalerie » consistant à emprunter à X pour rembourser Y avec la complicité des agents de crédit, etc.
Le 28 juillet 2010, l'introduction en bourse de la plus grande IMF, l'indienne SKS (près de 6 millions de clients), a fait éclater au grand jour le débat sur la compatibilité de la mission sociale de la microfinance avec des objectifs de profit, propres à une logique commerciale et financière. La crise financière, de son côté, a provoqué un assèchement des liquidités sur les marchés financiers, puis amené les bailleurs de fonds à réduire leurs dons aux IMF et fragilisé les banques commerciales.
Méfiance vis-à-vis des institutions financières, volonté de retrouver la vocation première du microcrédit, recherche d'une plus grande transparence dans la gestion des sommes prêtées, valorisation de l'engagement solidaire, humanisation de la relation de prêt, autant de facteurs qui contribuent au développement des plateformes solidaires de « peer to peer lending », de prêts de personne à personne. Comment la mettre en pratique
L'idée est simple : l'internaute s'inscrit sur le site, choisit le projet qui l'intéresse et s'engage à prêter une somme (à partir de 20 euros ou 25 dollars généralement), les remboursements s'effectuant selon un calendrier pré-établi.
Dans le cas de prêts Nord-Sud, les plateformes travaillent sur le terrain en direct avec des IMF qui sélectionnent pour elles les entrepreneurs selon leur profil, leur solvabilité et le sérieux de leur projet, gèrent la traçabilité du prêt, et s'engagent à rembourser même si l'emprunteur fait défaut. Un système qui fonctionne bien, selon Arnaud Poissonnier, ancien gestionnaire de fortunes et fondateur de Babyloan (lancé en septembre 2008) :
« Nous choisissons avec soin nos IMF partenaires et nous sommes soutenus par l'Adie et le Crédit coopératif, gages de notre crédibilité. Seuls 5% des “Babyloaniens” retirent leur argent après un premier prêt, dont 1% pour tester le système. »
Ce que confirme David Langlois, directeur général de MicroWorld :
« Tout est fait pour s'assurer que chaque prêt finance bien une activité de type TPE. Pour cela, nous travaillons avec des institutions responsables après analyse de leur stabilité financière et de leur mission solidaire. »
Depuis le 1er septembre 2010, la loi française permet le microcrédit direct entre particuliers sans l'intermédiation d'une banque. Cette évolution est le fruit des efforts conjugués des acteurs de la finance solidaire, notamment de Babyloan et de l'Adie, pour qui « 300 000 personnes en France pourraient sortir de la précarité chaque année en créant leur emploi grâce au microcrédit ». Soit 7,5% des quelque 4 millions de demandeurs d'emploi.
« Il faut développer ce type d'échanges et y ajouter des transferts Sud-Nord (ex : Maroc-France), voire Sud-Sud », insiste le chef des « Babyloaniens ». Ce qu'il reste à faire
Pionnier et leader du microcrédit en ligne, l'américain Kiva, existe depuis 2005, avec plus de 860 000 membres et près de 190 millions de dollars de prêts cumulés, distribués à plus de 485 000 entrepreneurs.
En France, les initiatives se multiplient, avec Babyloan, fondé fin 2008, qui revendique près de 9 000 inscrits et plus de 1,4 million d'euros prêtés à 4 670 micro-entrepreneurs. Mais aussi Veecus, Xetic, ou le dernier né, MicroWorld, un projet du groupe PlaNet Finance.
Un foisonnement de nouveaux outils accessibles et participatifs qui devraient contribuer à démocratiser la microfinance, jusque là assez peu comprise du grand public. Par Coraline Bertrand | Journaliste | 31/01/2011 | 11H33 | |
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