Plus de 128 millions des familles les plus pauvres du monde ont reçu un micro-crédit en 2009, contre 7,6 millions en 1997 au début du lancement de la première campagne.
Après la première Campagne du Sommet du Microcrédit lancée en 1997 et qui a réussi à atteindre les buts fixés, sous la forme d'une campagne de 9 ans, la seconde campagne lancée en 2006 s'est fixée deux objectifs essentiels. Le premier était d'assurer que 175 millions de familles les plus pauvres au monde, particulièrement les femmes de ces familles, reçoivent un crédit et d'autres services financiers leur permettant d'exercer une activité économique indépendante d'ici 2015. Le second était d'aider 100 millions de familles à s'élever au dessus du seuil de 1,25 dollar par jour (soit l'équivalent de 11 dirhams).
Selon le rapport 2011 sur l'état de la Campagne du Sommet du Microcrédit, publié il y a quelques jours, 3.589 institutions de microcrédit avaient affirmé desservir 190.135.080 clients, dont 128.220.051 étaient considérés comme faisant partie des plus pauvres lorsqu'ils ont contracté leur premier emprunt. «Si l'on considère que chaque famille compte en moyenne cinq personnes, cela signifie que les prêts accordés à 128 millions de clients les pauvres ont touché environ 641 millions de personnes, membres de ces familles.
Ce chiffre est plus élevé que la population combinée de l'Union européenne et de la Russie», lit-on dans un communiqué sur l'état de la Campagne du Sommet du Microcrédit.
On peut dire que cette seconde Campagne du Sommet du Microcrédit est sur la bonne voie pour la réalisation de son premier objectif, puisque plus de 81 % des plus pauvres ayant bénéficié d'un micro-prêt sont des femmes. Cela représente plus de 100 millions de personnes. «Le microcrédit a réellement sorti des millions de femmes et leurs familles de la pauvreté», a déclaré l'ambassadrice itinérante américaine chargée des questions des femmes dans le monde, Melanne Verveer.
Et d'ajouter : «Les femmes entrepreneures réalisent les investissements les plus intelligents en micro-finance. Elles n'ont pas seulement de très bons résultats dans leurs entreprises, elles ont systématiquement eu un taux très fort de remboursement de leurs prêts et ont entrepris des investissements dans leurs familles et leurs communautés».
Pour ce qui est du deuxième objectif fixé par la campagne, il a été le plus difficile à mesurer et à atteindre, selon le rapport. Et pour cause : il s'agit d'une transformation. Une femme passant d'un état de subsistance à l'assurance qu'elle puisse subvenir à ses besoins et bâtir une vie meilleure pour sa famille.
Pourtant, l'état de la Campagne du Sommet du Microcrédit dans le Rapport 2011 présente les conclusions d'une nouvelle étude commissionnée par la campagne, qui observe le passage au dessus du seuil de 1,25 dollar par jour des clients de la micro-finance.
Cette étude, qui fait partie du projet Passage au dessus du seuil de 1,25 dollar par jour, montre qu'au cours des 19 dernières années (1990-2008), presque 2 millions de ménages au Bangladesh, soit environ 10 millions de membres de ces familles, ont dépassé le seuil de 1,25 dollar par jour.
Ce rapport a également passé en revue les progrès de la Campagne du Sommet du Microcrédit et de toute la communauté du microcrédit au cours de l'année écoulée. En préparation de ce document, des entretiens ont été menés avec de nombreux dirigeants du secteur de la micro-finance afin de consigner leurs opinions sur les questions de micro-finance qui les préoccupent et les motivent le plus.
«Nous avons noté leur satisfaction au sujet de la croissance soutenue du secteur malgré le contexte de crise économique mondiale. Mais nous avons aussi écouté les préoccupations relatives aux défis posés par cette croissance rapide, entraînant la chute de certaines institutions de micro-finance et des situations tragiques de prêts multiples, de surendettement, de pratiques de recouvrements forcés à Andhra Pradesh et des cas de suicides dus à l'incapacité à rembourser les prêts. Nous avons noté les opportunités découlant d'une meilleure connaissance de la situation financière de nos clients et des avancées technologiques qui peuvent nous aider à desservir nos clients à des coûts très réduits», selon le rapport.
Et pour conclure, le rapport 2011 a annoncé la création d'un Label d'Excellence pour l'aide aux pauvres et la transformation dans la micro-finance, Label qui est en discussion depuis onze mois et continuera à évoluer dans les années à venir grâce aux apports de nombreux acteurs de la micro-finance. Le Label reconnaîtra officiellement les institutions qui travaillent le plus à aider les familles à sortir de la pauvreté. Pour Sam Daley-Harris, le directeur de la Campagne, «Reconnaissant la variété d'initiatives essentielles au domaine de la micro-finance, le Label cherche à se développer à partir des principes de la Smart Campaign en faveur de la protection du client et du Groupe de Travail sur la Performance sociale.
Par ailleurs, le Label réfléchit à des moyens de se développer en utilisant des systèmes déjà mis en place pour comprendre la performance sociale des institutions de micro-finance».
La vie peut toujours changer
Janet Bett, cliente et membre du personnel de l'institution de micro-finance Jamii Bora au Kenya, personnalise la dimension transformatrice de la micro-finance. Lorsque les abus dont elle était victime chez elle sont devenus insupportables, elle a quitté son mari pour vivre dans la rue. Elle a pris soin de ses six enfants du mieux qu'elle a pu et a survécu en faisant la manche. Après sept ans de vie dans la rue, elle a rencontré Ingrid Munro, fondatrice de Jamii Bora, qui a trouvé un abri pour Janet et ses enfants. Mme Munro a encouragé Janet à se lancer dans une activité de tissage. Après avoir épargné entre cinq et dix dollars chacune, cinquante femmes mendiantes ont reçu leur premier prêt de Munro. Jamii Bora venait de voir le jour. Aujourd'hui, Janet est cadre supérieure chez Jamii Bora et toutes les autres membres de l'équipe ont déjà eu à faire la manche à un moment de leur vie. Lorsqu'elles rencontrent un(e) membre potentiel(le) qui ne croit pas que sa vie peut changer, Janet lui explique que si elle a pu le faire, elle le peut aussi. Janet est fière de ses enfants qui ont terminé l'université. Trois d'entre eux sont enseignants, l'un est pharmacien et le dernier travaille dans une clinique médicale.
LEMATIN.MA 08.03.2011